Bernard Malamud : "Le meilleur"
Bernard Malamud passe pour être un des meilleurs écrivains américains du siècle dernier, il fait parti de « l’école juive » de la littérature américaine au même titre que Saul Below et Philip Roth, inutile de dire que j’apprécie énormément ces romanciers.
De lui, j’ai lu l’homme de Kiev, son roman le plus célèbre et son tout premier the natural, « le meilleur » en français, publié en 1952, traduit pour la 1ère fois en 2015 qui n’est peut être pas aussi remarquable que the fixer (l’homme de Kiev) mais reste néanmoins un très grand livre
Le héros de ce roman, Roy Hobbs,18 ans est un jeune prodige du baseball, il se rend à Chicago en train en compagnie de son agent pour signer son 1er contrat pro, son rêve est interrompu par une déséquilibrée qui lui tire dessus.
On le retrouve 15 ans plus tard, il fait un essai chez les Knights de New York et malgré les doutes que Pop Fisher, le manager de l’équipe, a à son égard, il est contraint de faire confiance à Roy suite au décès en plein match de Bump la star de l’équipe.
Il devient une vedette, pulvérise tous les records, les fans l’adorent, la presse ne parle que de lui. Roy finit par tomber amoureux de Mémo, l’ancienne compagne de Bump, et là la machine commence à s’enrayer, on ne peut se soustraire de son passé et les rêves contiennent toujours leur part d’ombre.
Roman très bien écrit, on peut le considérer comme une fable, celui qui parti de très loin devient un héros, un symbole de l’Américan Dream où tous le monde peut réussir en se donnant les moyens mais à quel prix ? Roy est un bon gars qui ne souhaite que prendre une revanche sur la malchance qui l’a privée de devenir une star, le baseball est toute sa vie. Il déploie sa carcasse de géant sur tous les terrains donnant tout ce qu’il a en lui pour accomplir le rêve d’une vie.
Se goinfrant comme un chancre, mangeant 6 hamburgers puis 3 choucroutes, 3 tartes puis enchainant avec 3 hamburgers, on est dans une approche gargantuesque du roman, l’influence de Rabelais se fait sentir renforçant l’aspect fabulesque de ce livre. On retrouve aussi certains éléments propres au roman noir, le propriétaire de l’équipe, personnage véreux, dont l’intérêt n’est pas sportif mais financier, la femme fatale, le bookmaker sans scrupule, on se croirait presque chez Dashiell Hammett.
Roy est resté un grand enfant crédule, insouciant, il sera broyé comme tous ceux qui croient encore à des idéaux pétries d’humanité, il peut être moi, vous, n’importe quel inconnu croisé dans la rue qui ne souhaite qu’une chose, réaliser ses rêves. Une femme peut elle le sauver ou la désillusion prendra t-elle le dessus ? La dernière phrase du roman donne un semblant de réponse.
J’ai adoré le personnage de Roy, un brave gars un peu naïf qui a une vision romanesque du sport et doit face à la corruption qui le gangrène, l’aspect fabulesque de cette histoire et aussi comme d’habitude, ceux qui me connaissent le savent, le plaisir de lire un roman américain qui privilégie le fond sur la forme contrairement à certains écrivains français, je ne cite personne.
Pour ceux que ce roman est susceptible d’intéresser, il ressort en poche en septembre aux éditions le point, the fixer est déjà disponible dans cette collection, un autre roman sera édité en grand format en septembre également, « le commis », un autre chef d’œuvre parait il ? L’éditeur rééditera donc toute son œuvre, d’abord en grand format puis en poche et c’est une très bonne nouvelle pour tous les admirateurs de la grande littérature américaine. Il a été également adapté au cinéma en 1984 par Barry Levinson avec Robert Redford dans le rôle de Roy et a été nominé 4 fois aux oscars, on ne peut pas dire que j'apprécie énormément ce réalisateur, hormis son film "Rain Man" et encore, j'essaierai de le visionner quand j'aurai le temps.